Autonomie fiscale en Corse : quels seront les changements ?

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Le gouvernement et les élus corses ont récemment conclu un accord pour reconnaître un statut d’autonomie à l’île. Cependant, la mise en place de ce statut soulève plusieurs questions, notamment en matière de fiscalité. Quels sont les enjeux et les défis dans ce domaine ?

Un cadre d’autonomie difficile à définir

L’accord entre le gouvernement et les élus locaux prévoit l’inscription de ce statut d’autonomie dans la Constitution. Toutefois, les modalités de cette autonomie restent encore floues, notamment concernant les compétences qui seraient conférées à la Corse dans le domaine fiscal ou environnemental. Un travail législatif important sera donc nécessaire pour établir un cadre détaillé et adapté aux spécificités de l’île.

Une fiscalité propre à la Corse

Aujourd’hui, la Corse bénéficie déjà de certaines mesures fiscales spécifiques. Par exemple, la taxe foncière sur les propriétés bâties y est réduite, ainsi que les taxes sur l’essence, le tabac ou encore les vins produits et consommés en Corse. Le député Michel Castellani précise toutefois que ces dispositions sont souvent mal comprises ou inefficaces. La question de la fiscalité pourrait donc être repensée dans le cadre de l’autonomie, avec des ajustements ciblés pour répondre aux problèmes spécifiques de l’île en matière de logement, coût de la vie ou activité économique.

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Des adaptations possibles dans plusieurs domaines

André Fazi, maître de conférences en science politique à l’université de Corte, estime que l’autonomie cadrée par un texte organique pourrait permettre à la Corse d’adapter les lois nationales dans des domaines comme l’agriculture, l’environnement ou encore les questions sociales. Cependant, ces adaptations devraient respecter le cadre constitutionnel et être proportionnées à des besoins spécifiques et publics du territoire corse.

Vers une fiscalité plus adaptée aux réalités locales ?

Plusieurs pistes d’adaptation de la fiscalité sont évoquées par André Fazi :

Le régime particulier des droits de succession : La Corse bénéficie actuellement d’une exonération de taxe sur les propriétés immobilières jusqu’à 50% de leur valeur. Cette mesure pourrait être revue pour réduire le désordre architectural sur l’île.

Le RSA et la lutte contre la pauvreté : La Corse fait face à un taux de pauvreté 1,5 fois supérieur à celui de la France métropolitaine. L’île pourrait donc envisager d’assouplir certaines règles fiscales, voire de diminuer les taxes sur les produits pétroliers, les projets immobiliers ou les ventes d’électricité à basse tension, afin de redonner davantage de pouvoir aux résidents corses.

L’agriculture et la préservation du pastoralisme : La Corse est actuellement soumise à la politique agricole commune européenne. Dans le cadre de son autonomie, elle pourrait obtenir davantage de terres agricoles pour développer l’élevage et pérenniser une agriculture pastorale de qualité.

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Les défis et craintes liés à l’autonomie fiscale

Si l’autonomie fiscale offre des opportunités pour adapter les politiques publiques aux réalités locales, elle soulève également des interrogations et des inquiétudes. Ainsi, certains élus redoutent que cette autonomie entraîne une hausse importante de la fiscalité pour les non-résidents, créant deux classes de citoyens sur le territoire. Le député Eric Coquerel estime que l’autonomie fiscale doit être encadrée par des principes, notamment celui de ne pas revenir en arrière sur les avancées sociales et territoriales déjà existantes.

En somme, si l’accord sur un statut d’autonomie pour la Corse constitue une étape importante, beaucoup de travail reste à faire pour définir précisément les modalités de cette autonomie et trouver un équilibre entre les attentes des Corses et la solidarité nationale. Les questions de fiscalité seront au cœur de ces débats et nécessiteront une approche pragmatique pour répondre aux enjeux spécifiques du territoire corse.

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